A force de multiples maltraitances, le couple décide de s'échapper et rejoint une montagne difficilement accessible. Il s’y cache, y subsiste pendant 10 ans et donne naissance à 8 filles. Mais comme tous les esclaves marrons, ils sont pourchassés. Un jour Anchaing, s'écartant de sa prudence, allume un feu en plein jour. Aussitôt la fumée aperçue, un chasseur de marrons escalade le piton et surprend la famille au sommet.

 

     Il existe plusieurs variantes de la fin de cette histoire. Selon certains, la famille est ramenée en servitude chez leur maître ; ou bien le maître étant mort, les deux esclaves et leur progéniture furent affranchis ; d'autres avancent qu’Anchaing fut tué d'un coup de fusil et Heva et ses enfants ramenésHeva, esclave marronne de l'île de La Réunion au XVIIIème siècle, est l'allégorie de la femme réunionnaise originelle, l’égale de son mari, une grande figure de femme libre. Elle est connue comme la en esclavage ; d’autres assurent qu’Anchaing a échappé à une balle en se précipitant dans le vide d’où il s’est envolé sous la forme d’un paille-en-queue, le célèbre oiseau emblématique de l’île de La Réunion…

 

     C’est ainsi qu’Anchaing laissera son nom au piton sur lequel il aura vécu libre avec sa famille dans le cirque de Salazie : le Piton Anchaing qui culmine à 1 351 mètres d'altitude. Le couple d’esclaves marrons constitue le mythe réunionnais de l'aspiration à la liberté et de la lutte nécessaire pour l'obtenir. La fuite d'Heva vers les Hauts de l'île symbolise l’ascension vers le ciel, vers un paradis source de liberté et de bonheur proche du divin. Le paille-en-queue quant à lui est souvent considéré comme un porte bonheur à La Réunion.